Protéger un enfant
de la maltraitance

 

 

 

Comment détecter les signes de sévices chez un enfant ?
Selon les violences subies, l'enfant présente des symptômes différents. Il a des blessures corporelles (ecchymoses, plaies, brûlures, zone de raréfaction de la chevelure...). Il est souvent absent, ses résultats accusent une chute brutale. Il est agressif avec un comportement destructeur ou antisocial. Ou bien , au contraire, il est replié sur lui-même, craintif, voire apathique. Il présente des troubles liés à la nourriture (boulimie ou anorexie) ou au sommeil. Il se plaint régulièrement de maux de ventres ou de céphalés, est anormalement fatigué et fréquente assidûment l'infirmerie. Il se lave les mains de manière compulsive ... La liste étant longue, la règle dans ce domaine est de considérer qu'aucun des éléments ci dessus ne constitue en soi une alerte ! Pour détecter la maltraitance, il faut un faisceau de signes concordants et, surtout, un changement de comportement. L'enfant arrête le jeu et s'isole. Il cherche à se faire rejetter. Il régresse (urine, excréments, succion du pouce) ou fait preuve de préoccupations sexuelles en décalage avec son âge.
D'ou l'importance du travail en équipe pour mettre en commun ses doutes et, se faisant, avec les impressions de tous, d'aboutir à un début de certitude. Cela facilite la détection, peut permettre d'éviter de faux jugements, et donne du poids aux actions faites en commun. Ndw

Comment réagir face à l'enfant victime ?
L'éducateur doit refuser de se laisser enfermer dans le secret, même si l'enfant le demande. Il doit lui expliquer que la Loi l'oblige à parler et qu'il n'est pas en mesure de l'aider seul. Si l'enfant ne parle pas de lui même, il est possible de provoquer ses confidences en organisant un cours de prévention de la maltraitance permettant de faire intervenir sur ce sujet un membre d'une association compétente.

Faut-il contacter les parents ?
Oui, si la violence émane de quelqu'un d'autres qu'eux mêmes. Dans ce cas il faut les convoquer, les informer et les soutenir dans les démarches pour faire cesser les maltraitances. Non, dans le cas d'abus ou de maltraitances émanant des parents.

Comment intervenir ?
Dans la plupart des cas, l'éducateur connait un des parents, voire les deux et ils ont l'air de 'gens très biens'. Il est paralysé à l'idée d'intervenir et de se tromper. Evaluer s'il y'a situation d'urgence ou non, et déterminer si les faits sont certains est une lourde responsabilité qu'il vaut mieux partager avec l'équipe pédagogique afin de rationaliser la démarche et d'être épaulé.Alors, au sein de chaque établissement, chacun agit avec les moyens du bord. On en parle obligatoirement au chef d'établissement, mais également au médecin, à l'infirmière, à l'assistante sociale, avec tous les personnels en contact avec l'enfant. Une réunion de synthèse est mise sur pied pour que chacun puisse dire ce qu'il a constaté. Un document commun peut être établi au nom de l'ensemble du corps enseignant, ce qui donne davantage de crédibilité à l'action entreprise. Le signalement écrit de la situation de maltraitance est ensuite transmis à la section académique et au Procureurde la République qui engage une enquête. Bien entendu, en cas de désaccord, l'éducateur peut engager la démarche seul.

Comment protéger l'enfant en cas d'urgence ?
Si l'on est sûr que l'enfant, en retournant chez lui va subir des violences, il est impératif de contacter l'inspection Académique et le Procureur de la République par téléphone. Cette démarche doit être effectuée par le Chef d'établissement mais, s'il refuse, l'enseignant doit en prendre la responsabilité.

Les conséquences du signalement
Tout signalement de maltraitance auprès du Procureur déclenche une enquête. Le dossier est transmis à la brigade des mineurs qui effectue les auditions nécessaires. Lorsque la maltraitance est prouvée, l'affaire va jusqu'au Juge d'instruction et l'éducateur est appelé à témoigner.

Que risque l'éducateur ?
Dans la pratique, l'éducateur prend des riques, qu'il intervienne ou qu'il n'intervienne pas. S'il intervient seul, il peut être poursuivi personnellement pour diffamation et les parents peuvent également se plaindre au Rectorat. S'il n'intervient pas il s'expose à des sanctions pénales pour non dénonciation de maltraitance (3 ans et 300 000F d'amende) .

Les conséquences pour l'enfant
Lorsque les faits sont avérés, le plus souvent le Juge des enfants décide de mettre en place une action éducative en milieu ouvert (AEMO), pour protéger l'enfant. Il reste alors dans sa famille mais est suivi par un éducateur. La justice tient compte du fait qu'un enfant maltraité doit rester dans l'enceinte familliale. Elle considère qu'il y'a eu dérapage et qu'il convient d'aider la famille à se remettre en place. Dans les cas extrèmes cependant, le placement de l'enfant est préconisé, le plus souvent temporaire.

Contacts et informations

Associations
- Allo enfance maltraitée : 119 ou 0800 05 41 41
- SOS enfants en danger : 0800 03 46 01
- SOS Inceste : 0800 05 95 95
- La voix de l'enfant : 0145 77 60 75
A lire
- L'enfant maltraité, Manciaux et Gabel, Ed Fleurus
- La violence impensable, Gruyer et Nisse, Nathan
- Livret rose : ministère affaires sociales bureau DFF2, 75696 Paris Cedex 14

Textes officiels
- Instruction concernant les violences sexuelles, BOEN 4/9/97
- Art 434-3 NCP sur l'obligation d'information des autorités si connaissance de sévices sur mineur de moins de 15 ans

 

Novembre 1999, le Monde de l'éducation



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